Lire l’Article du Midi Libre du 10 Décembre 2017
Un message “ignoble, indélicat”, mais un chef de prévention inadéquat selon la justice.
Lors de la manifestation qui avait attiré, le 21 septembre, dans les rues d’Alès, entre 1 500 et 2 000 personnes opposées aux ordonnances portant sur la réforme du code du travail, les fonctionnaires du commissariat avaient interpellé deux individus. Le premier, nu, portait, en cache-sexe, un panneau sur lequel était écrit Macron nous met à nu ; le second arborait un T-shirt dévoilant un message anti-police. Ce dernier, justement, âgé de 34 ans, était présenté, vendredi matin, devant le tribunal correctionnel d’Alès, lors d’une audience présidée par Annabelle Ledrapier.
« Avec le recul, je trouve que c’était un slogan potache et je ne le porterais pas »
Comparaissant libre pour outrage envers un policier, cet homme aux cinq condamnations inscrites sur son casier judiciaire est revenu sur l’inscription qu’il portait, Un bon flic est un flic mort. “Avec le recul, je trouve que c’était un slogan potache et je ne le porterais pas, a-t-il confessé. Moi, je ne souhaite la mort de personne.”
Dans la foulée, le vice-procureur de la République, Sébastien Sider, a rappelé que ce message, traduisant, “a minima, un manque de délicatesse et une provocation”, dans un contexte d’attentats et de suicides dans les rangs des forces de l’ordre, a été difficilement perçu par les policiers qui encadraient la manifestation. Et d’évoquer, ensuite, un problème dans la procédure. Alors qu’un outrage était retenu contre le prévenu, le chef de prévention aurait dû relever du droit de la presse. Une difficulté qui l’a amené d’emblée à requérir la relaxe.
« Répréhensible »
“Le procureur fait une bonne lecture du dossier”, s’est félicité Me Aurélien Vergani, l’avocat de la défense, relevant toutefois le caractère “ignoble et indélicat de ce T-shirt”, dont son client “a conscience”. Le conseil a rappelé, à son tour, que la publicité du message est publique et, du coup, ne peut tomber sous le coup du chef de prévention mentionné. Par exemple, l’outrage à la victime désignée ne peut être retenu puisque l’on ne sait pas à quelle personne, nommément, ce message s’adresse.
Sans surprise, la présidente Ledrapier a relaxé le prévenu. Pour autant, la magistrate du siège lui a solennellement rappelé, sur le ton de l’avertissement, que ce qu’il a fait “est répréhensible, mais que (dans le cas présent), puisque c’est un délit de presse, la bonne qualification n’a pas été retenue”.